...chantait en 1971 Les Poppys, un groupe d'enfants interprétant des
chants dans la mouvance hippie des années 1970. En pleine guerre du Viêt Nam, leurs chansons mettaient en avant l'amour, l'incompréhension face à la guerre et
la violence des adultes, la fraternité, la paix, l'écologie mais aussi la
religion.
Et effectivement rien, alors absolument RIEN n'a changé.
Et cela pas seulement depuis les années 1970, mais depuis bien plus longtemps.
Et cela pas seulement depuis les années 1970, mais depuis bien plus longtemps.
En 1848, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) écrivait "LES MALTHUSIENS". Une description, toujours actuelle, de la société humaine et du sytème le dirigeant...
C'est l'histoire d'une trêve
Que j'avais demandée
C'est l'histoire d'un soleil
Que j'avais espéré
C'est l'histoire d'un amour
Que je croyais vivant
C'est l'histoire d'un beau jour
Que moi petit enfant
Je voulais très heureux
Pour toute la planète
Je voulais, j'espérais
Que la paix règne en maître
En ce soir de Noël
Mais tout a continué
Mais tout a continué
Mais tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Hey ! Hey ! Hey ! Hey !
Tout, tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Hey ! Hey ! Hey ! Hey !
Et pourtant bien des gens
Ont chanté avec nous
Et pourtant bien des gens
Se sont mis à genoux
Pour prier, oui pour prier
Pour prier, oui pour prier
Ont chanté avec nous
Et pourtant bien des gens
Se sont mis à genoux
Pour prier, oui pour prier
Pour prier, oui pour prier
Mais j'ai vu tous les jours
A la télévision
Même le soir de Noël
Des fusils, des canons
J'ai pleuré, oui j'ai pleuré
J'ai pleuré, oui j'ai pleuré
Qui pourra m'expliquer que ...
A la télévision
Même le soir de Noël
Des fusils, des canons
J'ai pleuré, oui j'ai pleuré
J'ai pleuré, oui j'ai pleuré
Qui pourra m'expliquer que ...
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Hey ! Hey ! Hey ! Hey !
Tout, tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Hey ! Hey ! Hey ! Hey !
Moi je pense à l'enfant
Entouré de soldats
Moi je pense à l'enfant
Qui demande pourquoi
Tout le temps, oui tout le temps
Tout le temps, oui tout le temps
Entouré de soldats
Moi je pense à l'enfant
Qui demande pourquoi
Tout le temps, oui tout le temps
Tout le temps, oui tout le temps
Moi je pense à tout ça
Mais je ne devrais pas
Toutes ces choses-là
Ne me regardent pas
Et pourtant, oui et pourtant
Et pourtant, je chante, je chante
Mais je ne devrais pas
Toutes ces choses-là
Ne me regardent pas
Et pourtant, oui et pourtant
Et pourtant, je chante, je chante
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Hey ! Hey ! Hey ! Hey !
Tout, tout a continué
Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué
Hey ! Hey ! Hey ! Hey !
Les malthusiens
Le docteur Malthus, un économiste, un Anglais, a écrit ces
propres paroles
« Un homme qui naît dans un monde déjà occupé si sa famille n'a pas le moyen de le nourrir, ou si la société n'a pas « besoin de son travail, cet homme dis-je, n'a pas le moindre r droit à réclamer une portion quelconque de nourriture il est réellement de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature il n'y a point de couvert mis pour lui. La nature lui commande de s'en aller, et ne tardera pas à mettre elle-même cet ordre à exécution. »
En conséquence de ce grand principe, Malthus recommande,
sous les menaces les plus terribles, à tout homme qui n'a pour vivre ni travail
ni revenu, de s'en aller, surtout de ne pas faire d'enfans. La famille,
c'est-à-dire l'amour, comme le pain, sont, de par Malthus, interdits à cet
homme-là.
Le docteur Mathus était, en son vivant, ministre du saint
Évangile, de mœurs douces, philanthrope, bon mari, bon père, bon bourgeois,
croyant à Dieu autant qu'homme de France. Il mourut, le ciel lui fasse paix !
en 1854. On peut dire qu'il a le premier, sans s'en douter, réduit à l'absurde
toute l'économie politique, et posé la grande question révolutionnaire, la
question entre le travail et le capital.
Chez nous, où la foi à la Providence est restée vive, malgré
l'indifférence du siècle, le Peuple dit, par manière de proverbe, et c'est en
cela que nous nous distinguons de l'Anglais : Il faut que tout le monde vive !
- Et notre Peuple, en disant cela, croit être aussi bon chrétien, aussi
conservateur des bonnes mœurs et de la famille, que feu Malthus.
Or, ce que le Peuple dit en France, les économistes le nient
; les gens de loi et les gens de lettres le nient; l'Église, qui se prétend
chrétienne, et de plus gallicane, le nie; la presse le nie, la haute
bourgeoisie le nie, le gouvernement, qui s'efforce de la représenter, le nie.
La
presse, le gouvernement, l'Église, la littérature, les économistes, la grande
propriété, tout, en France, s'est fait anglais, tout est malthusien. C'est au
nom de Dieu et de sa sainte Providence, au nom de la morale, au nom des intérêts
sacrés de la famille, qu'on soutient qu'il n'y a point de place, dans le pays,
pour tous les enfans du pays, et qu'on insinue à nos femmes d'être moins fécondes.
En France, malgré le vœu du Peuple, malgré la croyance nationale, le boire et
le manger sont réputés privilège, le travail privilège, la famille privilège,
la patrie privilège.
M. Antony Thouret disait l'autre jour que la propriété, sans
laquelle il n'est ni patrie, ni famille, ni travail, ni moralité, serait
irréprochable le jour où elle cesserait d'être un privilège. C'était dire assez
clairement que pour abolir tous les privilèges, qui mettent, pour ainsi dire, hors
la loi, hors l'humanité, une petite partie du Peuple, il fallait, avant tout,
supprimer le privilège fondamental et changer la constitution de la propriété.
M. Anthony Thouret s'exprimait en cela comme nous-mêmes, comme le Peuple.
L'État, la presse, l'économie politique ne l'entendent pas ainsi : ils
s'accordent à vouloir que la propriété, sans laquelle, au dire de M. Thouret,
point de travail, point de famille, point de république, demeure ce qu'elle a
toujours été, - un privilège.
Tout ce qui se fait, qui se dit, qui s'imprime
aujourd'hui et depuis vingt ans, se fait, se dit et s'imprime en conséquence de
la théorie de Malthus.
La théorie de Malthus, c'est la théorie de l'assassinat
politique, de l'assassinat par philanthropie, par amour de Dieu. Il y a trop de
monde au monde : voilà le premier article de foi de tous ceux qui, en ce
moment, au nom du Peuple, règnent et gouvernent. C'est pour cela qu'ils
travaillent de leur mieux à diminuer le monde. Ceux qui s'acquittent le mieux
de ce devoir, qui pratiquent avec piété, courage et fraternité les maximes de
Malthus, sont les bons citoyens, les hommes religieux; ceux qui protestent,
sont des anarchistes, des socialistes, des athées.
Le crime inexpiable de la révolution de février est d'avoir
été le produit de cette protestation. Aussi, on lui apprendra à vivre à cette
révolution qui promettait de faire vivre tout le monde. La tache originelle,
indélébile de la République, c'est d'avoir été proclamée par le Peuple,
anti-malthusien. C'est pour cela que la République est si particulièrement
odieuse à ceux qui furent et qui veulent redevenir les complaisans et les
complices des rois, grands mangeurs d'hommes, disait Caton. On la monarchisera
votre République, on lui fera dévorer ses enfans !
Là est tout le secret des souffrances, des agitations et des
contradictions de notre pays.
Les économistes ont les premiers parmi nous, par un
inconcevable blasphème, érigé en dogme de Providence la théorie de Malthus. Je
ne les accuse pas plus que je ne les calomnie. Les économistes sont en cela de
la meilleure foi, comme de la meilleure intention du monde. Ils ne
demanderaient pas mieux que de faire le bonheur du genre humain; mais ils ne
conçoivent pas comment, sans une organisation quelconque de l'homicide,
l'équilibre entre la population et les subsistances pourrait exister.
Demandez à l'Académie des sciences morales. Un de ses
membres les plus honorables, que je ne nommerai pas, bien qu'il s'honore de ses
opinions, comme doit faire tout honnête homme, étant préfet de je ne sais quel
département, s'avisa un jour, dans une proclamation, de recommander à ses
administrés de ne plus faire autant d'enfans à leurs femmes. Grand scandale
parmi les curés et les commères, qui traitèrent cette morale académique de
morale de cochons ! Le savant dont je parle n'en était pas moins, comme tous
ses confrères, un défenseur zélé de la famille et de la morale. Mais, observait
il, avec Malthus, au banquet de la nature, il n'y a pas de place pour tout le
monde.
M. Thiers, membre aussi de l'Académie des sciences morales,
disait dernièrement au comité des finances, que s'il était ministre, il se
bornerait à traverser courageusement, stoïquement, la crise, se renfermant dans
les dépenses de son budget, faisant respecter l'ordre, et se gardant avec soin
de toute innovation financière, de toute idée socialiste, telle que notamment
le droit au travail, comme de tout expédient révolutionnaire. Et tout le comité
d'applaudir.
En rapportant cette déclaration du célèbre historien et
homme d’État, je n'ai nulle envie, on le sent bien, d'incriminer ses
intentions. Dans la disposition actuelle des esprits, je ne réussirais qu'à
servir l'ambition de M. Thiers, s'il lui en restait. Ce que je veux faire
remarquer, c'est que M. Thiers, en s'exprimant de la sorte, témoignait,
peut-être sans y penser, de sa foi à Malthus.
Entendez bien ceci, je vous prie. Ce sont deux millions,
quatre millions d'hommes qui périront de misère et de faim, si l'on ne trouve
moyen de les faire travailler. C'est un grand malheur assurément, et nous en
gémissons tous les premiers, vous disent les malthusiens : mais qu'y faire ? Il
vaut mieux que quatre millions d'hommes périssent que de compromettre le
privilège; ce n'est pas la faute du capital, si le travail chôme : au banquet
du crédit, il n'y a pas de place pour tout le monde.
Ils sont courageux, ils sont stoïques, les hommes d'Etat de
l'école de Malthus, quand il s'agit de sacrifier les travailleurs par millions.
Tu as assassiné le pauvre, disait le prophète Élie au roi d'Israël, et puis tu
t'es emparé de son héritage. Occidisti et possedisti. Il faut aujourd'hui
renverser la phrase, et dire à ceux qui possèdent et qui gouvernent : - Vous
avez le privilège du travail, le privilège du crédit, le privilège de la
propriété, comme dit M. Thouret; et c'est parce que vous ne voulez pas vous en
dessaisir, que vous répandez comme l'eau la vie du pauvre : Possedisti, et
occidisti !
Et le Peuple, sous la pression des baïonnettes, se consume
lentement; se meurt sans soupir et sans murmure : le sacrifice s'accomplit dans
le silence.
Courage ! travailleurs; soutenez-vous les uns les autres :
la Providence finira par vaincre la fatalité. Courage ! vos pères, les soldats
de la République, étaient encore plus mal que vous aux siéges de Gênes et de
Mayence.
M. Léon Faucher, combattant pour le cautionnement des
journaux, pour le maintien des douanes sur la presse, raisonnait aussi comme
Malthus. Le journal sérieux, disait-il, le journal qui mérite considération et
estime, est celui qui s'établit au capital de 4 à 500,000 fr. Le journaliste
qui n'a que sa plume est comme l'ouvrier qui n'a que ses bras. S'il ne trouve
moyen de faire acheter ses services ou créditer son entreprise, c'est signe que
l'opinion le condamne; il n'a pas le moindre droit à prendre la parole devant
le pays : au banquet de la publicité, il n'y a pas place pour tout le monde.
Écoutez Lacordaire, ce flambeau de l’Église, ce vase
d'élection du catholicisme. Il vous dira que le socialisme est l'Antechrist. Et
pourquoi le socialisme est-il l'Antechrist ? Parce que le socialisme est
l'ennemi de Malthus, et que le catholicisme, par une transformation dernière,
s'est fait malthusien.
L'Évangile nous dit, s'écrie le tonsuré, qu'il y aura
toujours des pauvres : Pauperes semper habebitis vobiscum; et qu'en conséquence
la propriété, en tant qu'elle est privilège et qu'elle fait des pauvres, est
sacrée. Le pauvre est nécessaire à l'exercice de la charité évangélique : au
banquet d'ici-bas, il ne saurait y avoir place pour tout le monde.
Il feint d'ignorer, l'infidèle, que pauvreté, dans la langue
sainte, signifie toute espèce d'affliction et de peine, et non pas chômage et
prolétariat. Et comment celui qui allait partout dans la Judée, criant :
Malheur aux riches ! eût-il pu l'entendre autrement ? Malheur aux riches ! dans
la pensée de JésusChrist, c'était malheur aux malthusiens.
Si le Christ vivait de nos jours, il dirait aux Lacordaire
et consorts : « Vous êtes de la race de ceux qui dans tous les temps ont versé
le sang des justes, depuis Abel jusqu'à Zacharie. Votre loi n'est pas ma loi ;
votre Dieu n'est pas mon Dieu !... » Et les Lacordaire crucifieraient le Christ
comme séditieux et comme athée.
Le journalisme presque tout entier est infecté des mêmes
idées. Que le National, par exemple, nous dise s'il n'a pas toujours cru, s'il
ne croit pas encore que le paupérisme, dans la civilisation, est éternel; que
l'asservissement d'une partie de l'humanité est nécessaire à la gloire de
l'autre; que ceux qui prétendent le contraire sont de dangereux rêveurs qui
méritent d'être fusillés ; que telle est la raison d'état ? Car, si telle n'est
pas la pensée secrète du National, si le National veut sincèrement, résolument
l'émancipation des travailleurs, pourquoi ces anathèmes, pourquoi cette colère
contre les socialistes purs, contre ceux qui, depuis dix et vingt ans,
demandent cette émancipation ?
Qu'ils daignent aussi, afin que le Peuple les connaisse,
faire leur profession de foi économique, ces bohémiens de la littérature,
aujourd'hui sbires du journalisme, calomniateurs à prix fixe, courtisans de
tous tes prjvilèges, panégyristes de tous les vices, parasites vivant aux
dépens d'autres parasites, qui ne parlent tant de Dieu que pour dissimuler leur
matérialisme, de la famille que pour couvrir leurs adultères, et qu'on verrait,
par dégoût du mariage, caresser des guenons, s'ils ne trouvaient plus de
malthusiennes.
Faites des filles, nous les aimons, chantent ces infâmes, en
parodiant le poète. Mais abstenez-vous de faire des garçons : au banquet de la
volupté, il n'y a pas de place pour tout te monde.
Le gouvernement était inspiré de Malthus, lorsqu'ayant cent
mille ouvriers disponibles auxquels il donnait un salaire gratuit, il se
refusait à les employer en travaux utiles; lorsqu'ensuite, après la guerre
civile, il demandait pour eux une loi de transportation. Avec les dépenses des
prétendus ateliers nationaux, avec les frais de guerre, de procédure, de
prison, de transport, on pouvait donner aux insurgés du travail pour six mois,
et changer tout notre régime économique. Mais le travail est un monopole; mais
on ne voulait pas que l'industrie révolutionnaire fit concurrence à l'industrie
du privilège : au chantier de la nation, il n'y a pas de place pour tout le
monde.
La grande industrie ne laisse rien à faire à la petite :
c'est la loi du capital, c'est Malthus.
Le commerce en gros s'empare peu à peu du commerce de détail
: c'est Malthus.
La grande propriété envahit, s'agglomère les plus pauvres
parcelles : c'est Malthus.
Bientôt la moitié du Peuple dira à l'autre : La terre et ses
produits sont ma propriété;
L'industrie et ses produits sont ma propriété;
Le commerce et les transports sont ma propriété;
L’État est ma propriété.
Vous qui ne possédez ni réserve ni propriété : qui n'êtes
point fonctionnaire public, et dont le travail nous est inutile, ALLEZ-VOUS-EN
! Vous êtes réellement de trop sur la terre, au soleil de la République, il n'y
a pas de place pour tout le monde.
Qui viendra me dire que le droit de travailler et de vivre
n'est pas toute la Révolution ?
Qui viendra me dire que le principe de Malthus n'est pas
toute la contrerévolution ?
Et c'est pour avoir publié de telles choses, c'est pour
avoir énergiquement signalé le mal, et cherché de bonne foi le remède, que la
parole m'a été ôtée par ordre du gouvernement, du gouvernement qui représente la
révolution !
C'est pour cela que j'ai vu passer sur moi, muet, le déluge
des calomnies, des trahisons, des lâchetés, des hypocrisies, des outrages, des
désertions et des défaillances de tous ceux qui haïssaient ou qui aimaient le
peuple ! C'est pour cela que j'ai été, pendant un mois entier, livré aux
chacals de la presse et aux chats-huants de la tribune ! Jamais homme, ni dans
le passé, ni dans le présent, ne fut l'objet d'autant d'exécration que je le
suis devenu, pour ce seul fait que je fais la guerre aux anthropophages.
Calomnier qui ne pouvait répondre, c'était fusiller un
prisonnier.
Carnassiers de Malthus, je vous reconnais là ! Poursuivez
donc ; nous avons plus d'un compte à régler encore. Et si la calomnie ne vous
suffit pas, employez le fer et le plomb. Vous pouvez me tuer : nul ne peut
éviter son sort, et je suis à votre discrétion. Mais vous ne me vaincrez pas :
vous ne persuaderez pas au Peuple, moi vivant, moi tenant une plume, que,
hormis vous, il y ait quelqu'un de trop sur la terre. J'en fais le serment
devant le Peuple et devant la République !
P.-J. PROUDHON.
Paris, 10 août 1848.
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